Pigistes et baisses des piges : la théorie et les faits.

pigisteCes dernières années, difficultés de la presse aidant, de nombreux pigistes voient leurs collaborations baisser. L’organe de presse qui les fait travailler ne stoppe pas la collaboration, mais la réduit, soit par la pagination, soit par l’espacement des commandes, ou les deux…

 

Sur ce plan, le droit du travail est clair. Un journaliste qui collabore de façon régulière à une revue a les mêmes droits qu’un salarié en CDI. De plus, l’absence de contrat de travail écrit, cas le plus fréquent, ne modifie en rien cette affirmation.

Cela, c’est la théorie. Dans les faits, plusieurs actions en justice ont amené à des résultats souvent différents, en fonction de l’ancienneté de la collaboration, de la façon dont est estimée la régularité de cette collaboration, de l’appréciation des juges, des avocats, etc.

Pour un pigiste confronté à cette situation, il importe en premier lieu de consulter un avocat spécialiste du droit du travail, et mieux encore un spécialiste du droit du travail des journalistes. Un premier échange permet d’y voir plus clair, de mieux cerner le contexte global, pour estimer s’il est pertinent ou non d’engager une action en justice.

Dans un sens comme dans l’autre, la décision à prendre est lourde de conséquences, car le pigiste conserve une collaboration, même réduite. On n’est pas là dans le cadre d’un arrêt total de la collaboration, ou le journaliste n’a plus rien à perdre.

Il est clair que toute action en justice va se traduire par l’arrêt définitif de la collaboration.

Il importe donc de mettre dans la balance plusieurs paramètres :

–       les sommes que l’on peut espérer raisonnablement récupérer dans le cadre d’une action en justice,

–       les hypothèses probables de l’évolution de la collaboration concernée : le montant des piges va-t-il stagner, se réduire encore, remonter à terme ?

–       l’âge du pigiste et/ou le nombre d’années restant   à travailler

–       les éventuels dégâts collatéraux provoqués par une action en justice (image éventuellement négative dans la profession d’un pigiste procédurier)

–       la capacité à supporter psychologiquement et dans la durée une action en justice, la partie adverse se comportant rarement de façon de façon objective, en sachant trouver nombre de carences, supposées ou réelles, à l’ancien collaborateur.

C’est en fonction de tous ces paramètres, chaque cas étant, particulier, que le journaliste pigiste devra prendre ce qu’il estimera être la meilleure décision, en évitant de se laisser trop influencer par son entourage, qu’il soit professionnel ou privé.

Illustration © Les Cahiers de Témoins – revue trimestrielle des journalistes CGT